C’est
d’entente avec les organisateurs que
la patronne du bistrot a fait
disparaître la banderole. «J’ai reçu
une dizaine de coups de téléphone me
mettant en garde», explique-t-elle.
De la part de qui? «De personnes qui
se disaient croyantes. C’est comme
si j’avais ouvert la porte de mon
établissement au diable en
personne!»
La
restauratrice a beau être une femme
tolérante et ouverte d’esprit
(sic!), sa décision est prise:
«C’est en parfaite connaissance de
cause que j’ai loué la salle du
restaurant. Chacun a le droit de
penser et faire ce qu’il veut. Mais
pour mon commerce, il vaut mieux que
j’arrête. Le prochain salon, s’il
devait y en avoir un, ne se
déroulera plus chez moi.»
«On
nous soupçonne d’être le diable,
déplore David Valente, le président
de l’Association professionnelle des
arts divinatoires (Apad),
organisatrice de ce salon de la
discorde. On connaît nos principaux
contradicteurs. Ils proviennent des
milieux ecclésiastiques. Le Jura
demeure un canton catholique, noir
de face. Reste que plus les gens
sont catholiques, plus ils
s’initient aux arts divinatoires en
cachette.»
«Nous
ne sommes pas Madame Irma!» David
Valente entend balayer les idées
préconçues, les clichés
traditionnels. «Une de mes
collaboratrices travaille à l’aide
d’une boule de cristal. Mais elle ne
voit rien à l’intérieur, elle lui
sert juste à se concentrer.»
Consultations de voyance,
rééquilibrage énergétique,
boutiques, conférences, cours de
tarot: l’animation est permanente à
la Croix-Blanche, à Courtételle.
David Valente: «Nous offrons aux
gens (réd: 100 francs pour une
consultation d’une durée d’une
petite heure) non pas une lecture de
leur avenir, mais bien plutôt un
reflet de leur présent, qui peut
leur permettre de posséder une
vision sur un avenir possible. Notre
but est de leur amener des
indications sur le chemin qui
s’ouvre devant eux, de manière à
négocier au mieux des parcours qui
pourraient s’avérer délicats. Et de
profiter également des périodes
positives.»
Le
boss de l’Apad constate «que nous
avons passablement de travail, car
les gens souffrent de plus en plus
de solitude. Ils n’ont plus de
personne de confiance. Alors,
quelque part, nous la remplaçons.
Nous sommes très tolérants. Les
certitudes n’existent pas.»
Dans
sa documentation, l’Apad met en
garde contre «des prétendus divins
qui sont avant tout de vrais
professionnels de l’argent facile et
sans odeur». Et de conseiller
d’éviter les maîtres occultistes,
les grands voyants, les grands
marabouts, les grands médiums...
«Des charlatans», insiste David
Valente.
Esprit, est-tu là? / GST